#NuitDebout : 6 arguments libertaires contre l’exclusion

Du blogueur Sylvain Baron à Paris à Étienne Chouard à Marseille, en passant par deux militants FN « partisans de la démocratie directe » à Chambéry ou des adhérents d’Égalité & Réconciliation à Lyon, les menaces d’exclusion voire les exclusions tout court font bon train à Nuit Debout.
Voici six arguments contre ce type d’exclusion pour lancer le débat aux Nuits Debouts par chez vous.

1- La censure est l’arme du fascisme.
Le fascisme est une doctrine qui a notamment pour caractéristique d’exclure physiquement des individus sur la base de leur opinion. Par conséquent, exclure physiquement autrui sur la base de son opinion revient à se rendre fasciste à son tour en utilisant la même méthode qu’eux et surtout POUR LA MÊME RAISON – à cause de ce qu’il pense ou avec qui il peut s’inspirer ou échanger.

2- L’expression d’une opinion est à distinguer de l’acte.
La majorité des personnes désignées comme « fascistes » aux Nuits Debouts n’ont en réalité jamais été violents dans leurs actes. Il est nécessaire de dissocier les actions des paroles, parce que sinon on rentre dans un flou dont il est difficile de sortir sans entraver la liberté d’autrui et de créer à son tour une injustice.
marat

3- Dans un état de droit, Nuit Debout est public.
Les Nuits Debouts prennent place dans l’espace public. Personne n’est donc légitime pour priver quiconque de l’accès à cet espace, ou à la parole au sein de ce lieu.

4- Le débat public et contradictoire est un moyen d’éducation populaire.
Pourquoi avoir peur d’une opinion contraire à la nôtre ? Empêcher quelqu’un de s’exprimer parce que son opinion est différente, voire choquante pour nous, est une insulte à notre esprit critique. Il n’y a pas d’aveu de faiblesse à avoir, nous sommes adultes, c’est-à-dire être assez murs nous pour ne pas nous laisser embrigader par un discours de rejet ou de haine envers autrui, personne ou groupe.

5- Le danger : essentialiser l’adversaire.
Ce n’est pas en excluant ceux que l’on considère comme « méchants » ou « dangereux » pour leurs opinions que leurs positions évolueront positivement. Au contraire, le sentiment de persécution les renforce et leur donne une légitimité par elle-même « si on me censure c’est que je dis vrai! ».

6- Quatre étapes préalables à l’exclusion.
Quand bien même ces 5 arguments ne vous ont pas convaincu, il faudrait que les censeurs :
a) définissent le fascisme : choisir arbitrairement ceux qu’on désigne comme fascistes nécessite une définition rigoureuse et employant des critères bien précis. ;
b) donnent des preuves de ce qu’ils avancent ;
c) laissent la personne accusée se défendre publiquement ;
d) n’exercent aucune pression ou menace sur la personne incriminée pendant qu’elle défende ses droits.

 


Pour termine ce réquisitoire, quelques images relatives à la liberté d’expression :

liberté d'expression DUDH 19

liberté d'expression Paine
liberté d'expression orwell.png
robespierre cit
robespierre citation

liberté d'expression censure say

Conseil de lecture sur le sujet : Jean BricmontLa République des Censeurs.

4 réflexions sur “#NuitDebout : 6 arguments libertaires contre l’exclusion

  1.  » La liberté d’écrire et de parler impunément marque ou l’extrême bonté du prince, ou le profond esclavage du peuple ; on ne permet de dire qu’à celui qui ne peut rien.  » Denis Diderot

  2. Argument n°4 : « Il n’y a pas d’aveu de faiblesse à avoir, nous sommes adultes, c’est-à-dire être assez murs nous pour ne pas nous laisser embrigader par un discours de rejet ou de haine envers autrui, personne ou groupe. »

    J’ai un doute sur le sens de cette phrase, vouliez-vous dire : « c’est-à-dire, des êtres assez mûrs pour ne pas… » ou « c’est-à-dire que nous sommes assez mûrs pour ne pas… » ou autre chose ?

    Merci pour vos précisions.

    • Je voulais dire que nous sommes assez mûrs, surtout dans le sens où nous sommes pluriels, nous ne sommes pas seuls face à notre bêtise, nous rencontrons Pierre Paul Jacques pour nous aider à progresser dans notre vision du monde.

  3. S’exprimer c’est déjà agir. Les choses les plus bêtes, répétées ad nauseam, finissent toujours par impacter fortement les masses. C’est le principe de la publicité. Donner à toutes les opinions le même droit d’être exposé, c’est rentrer dans une bataille pour celui qui aura le plus d’impact (chose respectable par ailleurs, pourvu qu’on en soit conscient) et créer un déséquilibre entre les fascistes (qui ne rendront pas la parole, d’après ce texte) et les autres.
    La parole peut aussi être une violence et il existe selon moi un curseur à positionner entre l’acceptable et l’inacceptable (et c’est ce que fait la loi française).
    Très bon texte quoi qu’il en soit.

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